Que sont les oxalates et quels effets ont-ils sur votre santé ?
Découvrez ce que sont les oxalates, leurs effets sur l’organisme et pourquoi ils peuvent perturber l’absorption du calcium. Sources alimentaires, métabolisme, risques rénaux et populations concernées : tout ce qu’il faut savoir pour comprendre leur impact sur la santé.
Que sont les oxalates et quels effets ont-ils sur votre santé ?
Les oxalates, ou acides oxaliques, font partie de ces composés naturels dont on parle de plus en plus en nutrition. Présents dans de nombreux aliments végétaux, ils jouent un rôle dans le métabolisme des plantes, mais peuvent poser problème chez l’humain lorsqu’ils s’accumulent ou interfèrent avec l’absorption des minéraux. Comprendre leur origine, leur métabolisme et leurs effets permet d’adopter des habitudes alimentaires adaptées et, si besoin, de soutenir l’organisme grâce à une supplémentation ciblée, notamment en citrates, pour préserver la santé rénale et osseuse.
Qu’est-ce que les oxalates ?
L’acide oxalique est un composé organique naturellement produit par de nombreux organismes vivants, notamment les champignons, les bactéries, les plantes, les animaux et les humains.
Dans les plantes, cet acide est généralement lié à des minéraux, formant des sels appelés oxalates. Les termes “acide oxalique” et “oxalate” sont souvent utilisés de manière interchangeable dans la littérature scientifique.
Chez l’humain, l’oxalate est un métabolite sans fonction physiologique connue. Il est principalement éliminé par les reins. La plupart des personnes en bonne santé peuvent consommer des aliments riches en oxalates sans conséquence. En revanche, chez certaines personnes, un excès peut perturber l’équilibre minéral ou favoriser la formation de calculs rénaux.
Comment notre corps métabolise-t-il les oxalates ?
Environ la moitié de l’oxalate excrété dans les urines provient du métabolisme interne, le corps en produisant à partir de certains précurseurs comme la vitamine C. L’autre moitié provient directement de l’alimentation.
Une fois ingéré, l’oxalate peut se lier à des minéraux tels que le calcium, le fer ou le magnésium pour former des sels insolubles comme l’oxalate de calcium ou l’oxalate de fer. Ces liaisons se produisent principalement dans le côlon, mais aussi dans les reins et d’autres parties du tractus urinaire.
L’élimination de l’oxalate repose sur deux mécanismes : sa dégradation par certaines bactéries intestinales et son excrétion via les selles et les urines.
La bactérie Oxalobacter formigenes joue ici un rôle essentiel. En utilisant l’oxalate comme unique source d’énergie et de carbone, elle contribue à limiter son accumulation. Environ 70 % de la population héberge cette bactérie, mais sa présence peut être fortement réduite par divers facteurs, notamment la prise d’antibiotiques.
Des études montrent que les individus porteurs d’O. formigenes excrètent moins d’oxalate urinaire. Une étude publiée dans Kidney International a d’ailleurs révélé que ces personnes avaient un risque 70 % plus faible de formation récurrente de calculs d’oxalate de calcium.
Les oxalates dans l’alimentation
Les oxalates sont naturellement présents dans de nombreux végétaux, fruits, légumes, noix, graines, céréales, légumineuses, chocolat et thé. Certains aliments en contiennent toutefois des quantités particulièrement élevées.
- Légumes à feuilles vertes : les épinards sont parmi les plus concentrés (jusqu’à 490 mg pour 100 g cuits).
- Produits à base de soja : 85 g de tofu ferme contiennent environ 235 mg d’oxalates, et un verre de lait de soja jusqu’à 336 mg.
- Noix et graines : une poignée d’amandes (environ 7 unités) apporte 40 mg d’oxalates.
- Pommes de terre : une pomme de terre moyenne cuite au four contient près de 100 mg d’oxalates.
Les oxalates solubles (liés au sodium ou au potassium) sont mieux absorbés que les formes insolubles (liées au calcium ou au magnésium), et sont donc plus susceptibles d’augmenter la charge oxalique de l’organisme.
Quels effets des oxalates sur la santé ?
Formation de calculs rénaux
Les calculs d’oxalate de calcium représentent la majorité des calculs rénaux. Ils se forment lorsque l’urine est trop concentrée en oxalate ou en calcium et insuffisamment diluée. La sursaturation urinaire en oxalate de calcium favorise la précipitation des cristaux.
Malabsorption minérale
L’oxalate se lie facilement aux minéraux essentiels (calcium, fer, magnésium), limitant leur absorption intestinale. Par exemple, les épinards sont riches en calcium mais leur teneur élevée en oxalates réduit sa biodisponibilité.
Effets inflammatoires et autres pathologies
Certaines études ont observé une influence de la charge oxalique sur la réponse inflammatoire et immunitaire. Une accumulation excessive d’oxalates pourrait également contribuer à des douleurs articulaires, à certaines complications chez les insuffisants rénaux (1), et est suspectée dans certains cancers du sein. (2)
Quelles sont les populations les plus à risque ?
- Personnes ayant déjà formé des calculs rénaux.
- Individus présentant une hypercalciurie.
- Patients souffrant de maladies inflammatoires de l’intestin (MICI).
- Personnes atteintes d’insuffisance rénale ou d’hyperoxalurie primaire.
- Personnes âgées dont la flore intestinale contient moins d’O. formigenes.
- Végétariens, végétaliens, ou consommateurs excessifs de vitamine C.
- Utilisateurs récents d’antibiotiques (destruction d’O. formigenes).
- Personnes atteintes de syndrome métabolique, dysbiose intestinale, hyperparathyroïdie, diabète ou troubles thyroïdiens.
Conclusion : faut-il craindre les oxalates ?
Les oxalates ne sont pas toxiques en soi : ils font partie du métabolisme naturel des plantes et de l’humain. Cependant, lorsqu’ils s’accumulent ou sont mal éliminés, ils peuvent perturber l’équilibre minéral et augmenter le risque de calculs rénaux ou d’autres troubles.
Pour la plupart des personnes en bonne santé, il n’est pas nécessaire de restreindre drastiquement les aliments riches en oxalates. En revanche, comprendre leur métabolisme et identifier les situations à risque est essentiel pour prévenir les déséquilibres.
Dans le prochain article, découvrez comment réduire naturellement la charge en oxalates grâce à l’alimentation, aux techniques de cuisson et aux citrates protecteurs.
Références :
- Noonan SC, Savage GP. Oxalate content of foods and its effect on humans. Asia Pac J Clin Nutr. 1999 Mar;8(1):64-74. PMID: 24393738.
- Crivelli JJ, Wood KD, Assimos DG. Is It Time to Retire the Low-Oxalate Diet? No! J Endourol. 2021 Oct;35(10):1435-1437. doi: 10.1089/end.2021.0576. PMID: 34409855; PMCID: PMC8575151.
- Stepanova N. “Oxalate Homeostasis in Non-Stone-Forming Chronic Kidney Disease: A Review of Key Findings and Perspectives.” Biomedicines. 2023;11(6):1654. doi:10.3390/biomedicines11061654.
- (1) Sarraf P, Kay J, Reginato AM. Non-crystalline and crystalline rheumatic disorders in chronic kidney disease. Curr Rheumatol Rep. 2008 Jul;10(3):235-48. doi: 10.1007/s11926-008-0038-1. PMID: 18638433.
- (2) Castellaro AM, Tonda A, Cejas HH, Ferreyra H, Caputto BL, Pucci OA, Gil GA. Oxalate induces breast cancer. BMC Cancer. 2015 Oct 22;15:761. doi: 10.1186/s12885-015-1747-2. PMID: 26493452; PMCID: PMC4618885.
Préférences sur les cookies
