La lettre des compléments alimentaires #1

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Pour cette première édition, Thierry Souccar, journaliste scientifique, auteur de plus de 20 livres de vulgarisation scientifique, dont le livre de référence Le nouveau guide des vitamines, présente les résultats de 3 nouvelles études. Dans ce numéro également, un focus sur le magnésium.

Vous lisez la lettre des compléments alimentaires d'Octobre 2022.

LES NOUVELLES ÉTUDES

 

Étude 1 : Un complément de vitamines et minéraux améliore les fonctions cognitives (Sept. 22)

Un grand essai clinique contrôlé apporte pour la première fois la preuve de l’intérêt d’un supplément quotidien de vitamines et minéraux sur les fonctions cognitives et la mémoire des personnes âgées.

Avec le vieillissement de la population, il est urgent de trouver les moyens permettant de préserver la fonction cognitive et prévenir la maladie d'Alzheimer et les démences, qui affectent plus de 46 millions de personnes dans le monde. Or il n’existe pas à ce jour de traitement validé contre le déclin cognitif chez les personnes âgées asymptomatiques.

L’étude COSMOS-Mind a voulu savoir si, par rapport à un placebo, l'administration quotidienne pendant 3 ans d'un complément multivitaminé améliorait la cognition chez 2262 femmes et hommes âgés en moyenne de 73 ans. Il s’agit donc d’un grand essai clinique randomisé contre placebo, soit le niveau de preuve le plus élevé dans les sciences de la vie. Les participants se sont soumis à des tests individuels évaluant l'état cognitif, la fonction exécutive et la mémoire.

Résultats : par rapport au placebo, la prise d’un supplément quotidien de vitamines et minéraux a entraîné un bénéfice statistiquement significatif sur la cognition globale, la mémoire et la fonction exécutive. Cet effet était plus prononcé chez les participants ayant des antécédents de maladie cardiovasculaire.

Les vitamines, micronutriments et minéraux ciblent de multiples voies biologiques qui soutiennent le fonctionnement normal du corps et du cerveau ; chez les personnes âgées, les carences sont répandues et elles peuvent augmenter le risque de déclin cognitif et de démence.

COSMOS-Mind est donc le premier grand essai clinique contrôlé apportant la preuve de l’intérêt de supplémenter en vitamines et minéraux les personnes âgées pour améliorer leurs fonctions cognitives. Le bénéfice de cette supplémentation semble être plus important chez les adultes atteints de maladies cardiovasculaires.

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Baker LD, Manson JE, Rapp SR, Sesso HD, Gaussoin SA, Shumaker SA, Espeland MA. Effects of cocoa extract and a multivitamin on cognitive function: A randomized clinical trial. Alzheimers Dement. 2022 Sep 14.

  

Étude 2 : Exercice et vitamine D peuvent améliorer la sclérose en plaque (Sept. 22)

La sclérose en plaques (SEP) est la maladie neurologique la plus courante ; elle affecte le fonctionnement du système nerveux, ce qui réduit la qualité de vie. Le but de cette étude était d’analyser l'effet de l'entraînement aérobie à domicile et de la supplémentation en vitamine D sur la fatigue et la qualité de vie chez des patients atteints de SEP pendant l'épidémie de COVID-19. L’étude a porté sur 40 femmes (20 - 40 ans) atteintes de SEP.

Les participantes ont ensuite été réparties au hasard dans l'un de ces quatre groupes : exercice (groupe AT : intensité 50-75 %, 20-40 minutes par jour, trois jours par semaine), supplémentation en vitamine D (groupe Vit D : 50 000 UI une fois par semaine), AT plus supplémentation en vitamine D et contrôle sédentaire.

Résultats après 8 semaines d’intervention :

- Le degré de fatigue était nettement réduit dans les groupes AT + Vit D, AT et Vit D alors que la fatigue avait augmenté dans le groupe témoin.

- La qualité de vie a augmenté de manière significative dans les groupes AT + Vit D, AT et Vit D par rapport au groupe contrôle.

- Les participantes du groupe AT + Vit D avaient une qualité de vie significativement plus élevée que celles du groupe AT et du groupe Vit D.

Ces résultats suggèrent que la prescription associant exercice aérobie et vitamine D réduit la fatigue et améliore la qualité de vie chez les femmes atteintes de SEP.

Bahmani E, Hoseini R, Amiri E. The Effect of Home-Based Aerobic Training and Vitamin D Supplementation on Fatigue and Quality of Life in Patients with Multiple Sclerosis During COVID-19 Outbreak. Sci Sports. 2022 Sep 12

  

Étude 3 : Des suppléments de magnésium pour optimiser le statut en fer (Juil. 22)

Le fer est l’oligoélément le plus abondant du corps humain qui en contient, dans des conditions normales, entre 2,5 et 4 g (aussi bien chez la femme que chez l’homme). En France, 25 % des femmes non ménopausées présentent un déficit en fer, et 5 % une anémie. L’anémie par carence en fer provoque une diminution de la fabrication de l’hémoglobine au niveau de la moelle osseuse.

Une étude d’intervention de 11 jours portant sur 100 étudiantes en bonne santé de l'Université de Belgrade vient en effet de montrer qu’une supplémentation en magnésium (375 mg par jour) améliore plusieurs paramètres du statut en fer comme la saturation de la transferrine ou le fer sérique.

En cas de déficit ou carence en fer, on conseille de consommer des aliments qui contiennent du fer héminique (viande rouge, boudin…) ou non héminique comme les lentilles, le chou rouge, les épinards, associés alors à la vitamine C pour favoriser son absorption. Les médecins peuvent aussi prescrire un complément de fer. Il semble aujourd’hui qu’un supplément de magnésium soit capable également d’améliorer le statut en fer.

Milinković N, Zeković M, Dodevska M, Đorđević B, Radosavljević B, Ignjatović S, Ivanović N. Magnesium supplementation and iron status among female students: The intervention study. J Med Biochem. 2022 Jul 29;41(3):316-326.

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FOCUS SUR... LE MAGNÉSIUM

  

Extrait du livre Soignez-vous avec le magnésium du Dr Anne-Laure Denans.

Qu’est-ce que le magnésium ?

Le nom de magnésium vient de Magnesia, une région de Grèce où déjà, à l’époque, les Romains extrayaient les sels de magnésium et les auraient utilisés à des fins thérapeutiques.

Plus tard, à partir des années 1600, en Angleterre, l’eau des sources d’Epson riche en sulfate de magnésium est largement utilisée pour traiter les douleurs abdominales, la constipation, les tensions musculaires…. Elle a donné son nom au célèbre sel d’Epson. En 1808, un chimiste britannique, Sir Humphrey Davy, isole le magnésium à partir du sel d’Epson.

En 1926, le docteur Jehan Leroy montre, lors d’une expérience chez les souris, que le magnésium est essentiel à la vie. En effet, sans magnésium, ces animaux ne pouvaient pas grandir. D’autres expériences sur les animaux montrèrent par la suite que ceux qui manquaient de magnésium soufraient de tétanie. Enfin, dès 1934, les premières observations médicales de déficiences en magnésium chez l’homme furent rapportées par Arthur Hirschfelder et Victor Haury.

Enfin, parmi les grandes figures qui ont fait avancer la recherche sur le magnésium, Hans Selye, médecin endocrinologue canadien, à l’origine de la théorie du stress ainsi que le Français Jean Durlach, médecin endocrinologue français, fondateur de la Société pour le Développement de la Recherche sur le Magnésium qui a publié de nombreux ouvrages de référence sur le magnésium dès les années 1980.

Le magnésium est le 8ème élément le plus communément retrouvé dans la croûte terrestre. L’eau de mer en contient de grandes quantités sous forme de sel dissous (chlorure de magnésium). C’est également l’un des minéraux les plus abondants de notre organisme après le calcium, le phosphore, le potassium et le sodium. La quantité de magnésium contenue dans notre organisme varie entre 20 et 30 grammes ! 50 à 60% de ce magnésium se trouve dans les os, environ 20% dans nos muscles et le reste dans les cellules du système nerveux, du cœur, du foie...les globules rouges…

En fait, le magnésium est surtout présent à l’intérieur de nos cellules et très peu à l’extérieur (moins de 1%). Notre sérum ne renferme donc que très peu de magnésium. C’est pour cette raison que le dosage sanguin du magnésium n’est pas une mesure très fiable pour évaluer les carences en magnésium.

À quoi sert le magnésium ?

Le magnésium… le médecin vous en a sans doute prescrit au moins une fois à moins que vous en ayez acheté spontanément. Vous vous souvenez peut-être pour quelle raison ?

- Vous étiez passagèrement fatigué ?

- Vous aviez des troubles du sommeil ?

- Vous étiez nerveux, irritable, anxieux ?

- Vous vous plaigniez de spasmes digestifs ou de palpitations, qui peuvent être des manifestations d'anxiété ?

- Vous souffriez de crampes musculaires, voire de fourmillements ?

Tous ces signes sont des indices d’un déficit en magnésium. Ils ont été validés par l’Efsa (l’autorité Européenne en charge de la sécurité alimentaire).

Il faut dire que le magnésium est nécessaire au bon fonctionnement de notre organisme : il rend possible plus de 600 réactions essentielles qui se passent dans les cellules !

Si ces réactions n’ont pas lieu, ou si elles sont entravées par un manque de magnésium, nous sommes confrontés aux différents troubles énumérés plus haut. Mais un déficit en magnésium a aussi été associé à des pathologies comme les maladies cardio-vasculaires, le diabète de type-2, le stress, la dépression…

Nous n’allons bien sûr pas détailler toutes les réactions chimiques dans lesquelles le magnésium intervient mais il faut citer les plus importantes :

- Il intervient dans les réactions biochimiques qui permettent de produire de l’énergie à partir des aliments que nous consommons. Cette énergie, notre corps en a besoin au quotidien pour fonctionner. Si nous manquons d’énergie, des signes de fatigue peuvent se manifester durablement.

- Le magnésium est essentiel à la régulation de notre influx nerveux. Il a un effet relaxant. Lorsque l’on manque de magnésium, on peut être nerveux et facilement irritable.

- C’est également un relaxant musculaire. Lorsque l’on manque de magnésium, nos muscles sont tendus, et nous sommes sujets aux crampes.

- Enfin, un déficit en magnésium nous expose davantage au stress oxydant qui favorise le vieillissement cellulaire et qui est impliqué dans de nombreuses pathologies.

Quels sont les apports conseillés ?

Les besoins en magnésium ne sont pas les mêmes d’un individu à l’autre. En fonction de son sexe, de son âge, de son activité…ses besoins sont différents. Dans le dernier avis officiel de décembre 2016, l’ANSES introduit la notion « d’apport satisfaisant » et confirme les valeurs suivantes : - Apports satisfaisants pour les femmes : 360 mg/jour - Apports satisfaisants pour les hommes : 420 mg/jour

Qui risque de manquer de magnésium ?

Il s’agit principalement des personnes sujettes au stress, celles qui souffrent de maladie intestinale, les pratiquants de sport à un niveau intense, les gros consommateurs d’alcool, les plus de 60-65 ans, les personnes qui prennent certains médicaments : diurétiques, inhibiteurs de la pompe à protons, certains antibiotiques et antifongiques, des médicaments anticancer.

Qui manque de magnésium ?

En fait, pour plus de 70% d’entre nous, un déficit en magnésium est une réalité ou un risque réel.

C’est le chiffre avancé par une étude sérieuse qui a suivi pendant 1 an en France, plus de 5 000 personnes. Elle a été réalisée dans le cadre d’une étude plus générale nommée SU VI MAX qui fait référence dans l’alimentation et la santé. Selon les données répertoriées, 77% des femmes et 72% des hommes avaient des apports en magnésium inférieurs aux apports nutritionnels conseillés.

 

Volpe SL (2013) Magnesium in disease prevention and overall health. Adv Nutr 4:378S–383S

EFSA Panel on dietetic products, nutrition and allergies (NDA) (2015) Scientific opinion on dietary reference values for magnesium. EFSA J 13:4186

Étude SU.VI.MAX (SUpplémentation en VItamines et Minéraux Anti-oXydants) - INSERM - 1994 à 2002