La mélatonine

 

Qu’est-ce que c’est ?

La mélatonine est une neurohormone sécrétée par la glande pinéale (hypophyse) dans le cerveau.

Elle est issue de la conversion d’un acide aminé (constituant des protéines), le tryptophane. Celui-ci est d’abord converti en sérotonine (neuromédiateur) ; une partie de la sérotonine est transformée en mélatonine.

Le rythme de production de la mélatonine par la glande pinéale est généré par des gènes d’une région du cerveau. Il est synchronisé selon un cycle d’environ 24 heures et arbitré par l‘alternance de lumière et d’obscurité : l'obscurité stimule la sécrétion de la mélatonine à partir de 20 à 22 h avec un pic entre minuit et 1 h du matin ; l’exposition à la lumière du jour supprime sa synthèse. L’exposition à la lumière artificielle entre minuit et 4 h du matin inhibe aussi la sécrétion de mélatonine.

Chez l’homme, la production de mélatonine se met en place à l’âge de 3 à 4 mois, et les niveaux augmentent progressivement, culminant vers 8-10 ans. Les taux diminuent considérablement à la puberté. Après 40-45 ans, ils baissent progressivement et à l’âge de 70 ans ne représentent plus que 10% de ceux précédant la puberté.

 

Les fonctions de la mélatonine

La mélatonine intervient dans la régulation du cycle veille-sommeil.

Elle possède aussi des propriétés antioxydantes et inflammatoires et pourrait contribuer à la survie des cellules nerveuses.

Certaines études d’observation lui attribuent un rôle dans le contrôle de certaines tumeurs, mais les données sont contradictoires et les preuves manquent.

La mélatonine a aussi des effets sur l’immunité : elle s’oppose expérimentalement aux effets immunosuppresseurs du cortisol (l’hormone du stress).

 

La mélatonine et le sommeil

L'insomnie est définie comme la difficulté persistante à s’endormir et à le rester. Les personnes souffrant d'insomnie chronique présentent une prédisposition accrue au stress, à la dépression, l'anxiété. 

Les niveaux de mélatonine diminuant avec l'âge, les personnes âgées sont donc plus susceptibles de souffrir d’un taux de mélatonine insuffisant. En vieillissant, l'incidence des troubles du sommeil augmente progressivement. Ainsi, une sécrétion de mélatonine trop faible pourrait être impliquée dans le mécanisme de l'insomnie.

Sur la base des essais cliniques, la mélatonine a été approuvée dans de nombreux pays pour la prise en charge de l'insomnie primaire chez les adultes.

La plupart des méta-analyses ont rapporté des bénéfices significatifs sur le sommeil des adultes, avec une diminution du temps de latence et une meilleure qualité de sommeil. Cependant, ces effets restent limités, d’un point de vue clinique.

Après 55 ans, compte tenu de la baisse marquée de la mélatonine synthétisée naturellement, la mélatonine a des effets plus marqués, notamment sur le temps d’apparition du sommeil, et elle est conseillée par plusieurs sociétés savantes internationales.

Mais les essais cliniques ont démontré qu’elle est efficace dans d'autres populations, par exemple les enfants autistes, les enfants atteints de trouble de déficit de l'attention avec hyperactivité, les adolescents souffrant de dépression, les femmes ayant un syndrome prémenstruel, les patients hypertendus prenant des bêtabloquants (en effet ces médicaments suppriment la sécrétion nocturne de mélatonine).

 

Nuage mélatonine

 

La mélatonine dans les troubles respiratoires liées au sommeil (sleep-related breathing disorders ou SBD)

Les troubles de la respiration liées au sommeil ou SBD comprennent l’apnée obstructif du sommeil, les troubles d’hypoventilation et d’hypoxémie. Les SBD sont un facteur de risque de trouble cognitif, diabète, maladies rénales et cardiovasculaires. La mélatonine a montré qu’elle pouvait améliorer les SBD, tant dans des études expérimentales chez l’animal que dans les essais cliniques chez l’homme. En plus, alors que les personnes souffrant de SBD ont des niveaux élevés de marqueurs de l’inflammation, la mélatonine possède des effets anti-inflammatoires.

 

La mélatonine dans les parasomnies

Le trouble du comportement du sommeil paradoxal est une parasomnie associée à des rêves impliquant souvent des comportements violents ; elle peut entraîner des blessures physiques par coups de pied ou coups de poing réels liés au rêve. Elle est souvent (mais pas toujours) associée à des maladies neurodégénératives, dont elle peut précéder l’apparition. 

La mélatonine a des effets bénéfiques sur les RBD, avec une diminution des rêves violents et des blessures. Elle est généralement donnée à une dose au moins égale à 3 mg. 

 

Comment agit la mélatonine sur le sommeil

Les niveaux de mélatonine sécrétés naturellement par l’organisme commencent à augmenter environ 2 heures avant le début du sommeil naturel et atteignent un pic environ 5 heures plus tard. La mélatonine modifie des aspects de l'architecture du sommeil, améliorant ainsi la qualité du sommeil. La mélatonine apportée par des suppléments ou des médicaments peut traiter efficacement l'insomnie en imitant la mélatonine endogène naturelle, en se liant aux mêmes récepteurs et en activant les mêmes voies en aval.

  

Utilisation de la mélatonine

La mélatonine apportée par les suppléments ou les médicaments est métabolisée rapidement, sa demi-vie (le temps nécessaire à la disparition de la moitié de la dose absorbée) étant de 45 à 65 minutes. Plus les doses sont élevées, plus la demi-vie s’allonge et plus il faut prendre la mélatonine suffisamment longtemps avant de se coucher.

Les doses généralement pratiquées pour les troubles du sommeil vont de 0,5 à 1 mg, prises environ 45 minutes avant le coucher.

 

Sécurité

La toxicité de la mélatonine est faible, et le risque de dépendance aussi (ce qui n’est pas le cas de médicaments parfois prescrits dans les insomnies, comme les benzodiazépines).

La mélatonine a été testée à des doses très élevées (20 à 100 mg/j) chez des personnes en bonne santé, avec une excellente tolérance ; aucun changement clinique significatif des paramètres biochimiques et physiologiques n’a été relevé.

 

Sources

Xie Z, Chen F, Li WA, Geng X, Li C, Meng X, et al. A review of sleep disorders and melatonin. Neurol Res. 2017;39:559—65.